Aujourd'hui, Bernadeta va mourir. Auprès d'elle attendent les femmes de sa famille qui ont déjà traversé le voile. Ensemble, elles convoquent les quatre siècles de souvenirs que renferme le mas familial. Sur cette terre aride le démon n'est jamais loin et ces femmes rageuses, silencieuses ou pleines de douleur ont eu l'occasion de le croiser à maintes reprises.
La poésie est présente partout dans ce roman-fable où les légendes habitent les vivants et les morts, une grande réussite !
Ambre et Aelis sont jumelles, elles ont toujours connu ce pays austère où les paysans survivent sous le joug du baron local. Lorsqu'une fillette sauvage et à moitié morte de faim arrive dans le hameau, la vieille herboriste la confie aux jumelles et à leurs maris.
Madelaine sera la fille qu'elles n'ont pas eue, à moins qu'elle ne soit leur perte...
Sandrine Collette décrit une terre aussi rude que les gens qui l'habitent dans un style viscéral, magistral !
Tout est sombre à Kangoq : la vie, les usines et les hivers. L'atelier de la plumeuse illumine le bas de la ville d'une lueur envoûtante. Là, la plumeuse réchauffe les corps et les âmes des hommes, aide les femmes à tisser leur trousseau et à connaître leur intimité. Ses métiers et sa liberté fascinent et dérangent, on voudrait l'apprivoiser, la dompter.
Les mots d'Audrée Wilhelmy nous captivent autant que le conte qu'elle tisse pour nous, acceptez de vous laisser emporter dans cet univers tour à tour violent et sensuel.
Jessie a demandé à Mathieu Palain d'écrire son histoire, l'histoire d'une mère dépassée par le comportement rebelle de son fils de 15 ans. Quand celui-ci l'appelle en pleine nuit après avoir disparu pendant trois jours, elle sait que quelque chose de grave s'est produit. Elle saute dans sa voiture et part le chercher. Mère et fils vont alors passer le reste de la nuit à rouler sans but et à se parler. Une fuite en avant pour tenter de raccommoder les liens et guérir les blessures.
Comme d'habitude, Mathieu Palain touche juste dans ce récit social émouvant et haletant.
Un texte sans concession et mille questions et interrogations à l'issu de la lecture de Reprendre corps.
La maladie, la précarité, la famille, le regard des hommes et le choix assumé du travail du sexe, la souffrance aussi. Pour l'autrice, se réapproprier son corps et son esprit passe par la radicalité.
L'acte vital d'écrire Reprendre corps est sacrément culotté !