Pascale B.

Où danse un peu du désastre et de la magie du monde

Albin Michel

21,90
Conseillé par
19 septembre 2024

La gare du pays des merveilles

En 2022, l’auteur entreprend un road-trip avec sa mère pour percer le mystère entourant deux jeunes allemandes qui ont choisi de s’installer dans leur petit village du Cantal en 1977. Cette présence énigmatique a suscité la curiosité des villageois, donnant lieu à des ragots, des fantasmes et multiples suppositions.

A travers une narration alternant trois époques, Pauline Clavière réussit brillamment à décrire sa relation avec sa mère, l’histoire de son grand-père marquée par les non-dits du STO, ainsi que l’encrage à la terre et à la nature, la vie du village. Progressivement, elle dévoile les évènements et la véritable raison de la venue des deux jeunes femmes dans ce hameau.
Les personnages, particulièrement attachants, rendent cette histoire passionnante et émouvante, captivant le lecteur par ses révélations jusqu’au dénouement, construit de manière épistolaire.

« Ma mère est de cette espèce qui met un point d’honneur à faire de chaque déviation un évènement. »

« Les seuls à être restés dans ce trou sont ceux qu’ont pas trouvé la gare. »

« L’arrivée de deux étrangères au hameau a changé jusqu’à la consistance de l’air. »

Éditions Gallmeister

25,90
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16 septembre 2024

La chambre 813

Le roman de Ayana Mathis retrace l’histoire d’Ava, une jeune mère afro-américaine, et de son fils Toussaint dans l’Amérique des années 1980, tandis que sa mère, Dutchess, reste enracinée à Bonaparte, petite ville rurale d’Alabama.
L’auteur explore les luttes intérieures et extérieures de ces personnages, pris dans les tourments de leur époque.
A travers une narration chorale, elle révèle les liens complexes et souvent conflictuels qui unissent une famille confrontée au racisme, au sexisme et aux traumatismes hérités du passé.
Le récit se distingue par sa profondeur historique et émotionnelle, offrant une réflexion incisive sur la dignité humaine et la quête de justice d’une communauté noire, encore marquée par les cicatrices du colonialisme et de l’oppression.
Ce roman engagé, fluide, parfois décousu, mêle habilement les histoires personnelles et grande Histoire, mettant en lumière la résistance menée par des femmes courageuses face à la violence, à l’emprise et à la domination. La fin, inattendue, laisse entrevoir une lueur d’espoir.

« Pour dire la vérité, presque tout ce dont je me souviens de mon enfance, c’est des hautes eaux et des atrocités. »

« Les pensées d’Ava dérivèrent comme un moustique qui s’est posé sur une flaque, se tortillant de la même façon, et porté à la surface de l’eau »

20,90
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16 septembre 2024

Pas plus loin que le rocher

2036.
Ce roman nous plonge dans un monde postapocalyptique marqué par l’explosion d’un réacteur nucléaire près de Malville.
Samuel Vidouble, seul et confiné dans sa cave au bord de la Loire, se remémore son enfance et ses émois adolescents dans une cité sur les rives du Rhône.
A travers des souvenirs empreints de poésie, il évoque ses relations familiales et son lien complexe avec la Centrale, symbole d’emploi mais aussi de menace constante.
Entre anticipation et biographie, ce récit offre un réquisitoire poignant contre les dangers du nucléaire et les dérives politiques, où la prose mêle la description des beautés de la nature aux tensions d’une société étouffée par la radioactivité.
C’est un texte engagé qui invite à réfléchir sur les paradoxes d’une énergie nucléaire jugée indispensable mais destructrice.
« Mon tout premier souvenir : une louve empaillée à la gueule entrouverte, aux yeux jaunes, aux canines saillantes, aux mamelles sèches et flasques »

« Nous sommes tous des enfants de Malville et de Tchernobyl, le virus et la colère rongent nos chairs et nous ne savons pas quand nous atteindrons la dose létale »

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12 septembre 2024

Aucune douleur n’a de frontière

Contraint de rédiger un discours de dernière minute à la demande du Premier Ministre au sujet de migrants occupant des éoliennes, le narrateur se heurte à un blocage créatif sévère, déclenchant une nuit blanche des plus singulières.

Errant dans les couloirs de Matignon à la recherche d’inspiration, il se confie au fil des rencontres, laissant libre court à ses réflexions sur son environnement, l’histoire, la politique, et même l’ésotérisme, convoquant toute figure ou objet susceptible de l’inspirer.

Cette autofiction plonge le lecteur dans les coulisses du pouvoir politique, où se succèdent des épisodes cocasses, parfois mystiques, en contraste avec la gravité de la situation sociale évoquée. L’écriture, à la fois digressive et captivante, invite à partager les doutes et les aspirations du narrateur entre humour et introspection.

Quant au dénouement, il dépasse largement les attentes d’un simple discours.

« Je n’ai presque rien pesé dans l’organisation sans faille du cabinet du Premier ministre. Mon départ se fera sans tremblement, sans le moindre frémissement »

« L’escalier est une vie sans fin. L’hôtel de Matignon est un peu la synthèse du cinéma de Kubrick »

« Le métier de plume ne s’arrête pas à l’accumulation des faits ni des idées. C’est une technique délicate, celle de l’effacement des traces. »

15,50
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9 septembre 2024

L’orgasme lesbien

« La fille verticale » incarne un amour insaisissable et mystérieux, symbole d’un rêve évanescent. Elle s’éloigne dès qu’on tente de l’approcher de trop près. Libre et sauvage, elle reste une vision fugitive difficile à ancrer dans la réalité. Elle pourrait être une illusion, un désir inaccessible, flottant entre rêve et vent.

La narratrice décrit les tourments liés à cette relation toxique et déstabilisante, frôlant la folie, et montre comment l’amour peut s’envoler vers quelqu’un qui ne vous aime pas.
L’écriture, riche en idées, souffre cependant des faiblesses d’un style disparate et trop larmoyant.
Surprenant et cru.

« J’aimerais qu’on puisse nettoyer mon âme comme on nettoie la poissonnerie Dejean. Deux hommes en tablier bleu, balai bleu, y jetteraient des glaçons pour décrasser de flotte les odeurs de mon existence »

« Elle crachait sur moi et mes bons sentiments ; mes humeurs et mes drames intérieurs n’atteignaient pas plus l’humidité de son corps que son cœur. »