Haine 7, nouvelle

Jean-Luc Manet

Antidata

  • Conseillé par
    5 décembre 2012

    Sur le bord de la route..

    Livre d'un format peu usité , 70 pages, une nouvelle.
    Jean-Luc Manet, journaliste musical, est aussi auteur de nouvelles noires. Il a participé, entre autres, aux recueils sur Les Doors, les Ramones et les Clash.
    Sur la nationale 7 une femme, traînant un énorme sac, marche, l'auteur la qualifie ainsi :
    -vide, en friche mais encore jolie.
    Jolie elle doit l'être car un automobiliste complaisant ne tarde pas à l'accoster.
    Arrêtons-nous sur son parcours personnel! Marc était son grand amour, mais à la loterie de la vie et de l'emploi, l'amour et la gentillesse pèsent peu sur un CV. Alors les périodes actives deviennent rares, des jumeaux naissent, la précarité s'installe, seule solution : l’installation au bord de la Nationale 7, loin de la chanson de Trenet.

    Le grand amour se volatilise un jour, laissant une dernière trace de son passage.....une troisième victime comme les jumeaux avant lui, broyé par un bolide lancé à toute vitesse....alors reste l'abandon du passé et la fuite.
    Un brave flic enquête sur un meurtre, un homme massacré dans sa rutilante voiture...il aurait "monté" une passagère d'après des prostituées besognant dans le coin, pas une professionnelle, enfin peut-être, pas encore, bref, une inconnue.
    Un autre brave homme journaliste, musical de son état, rentre d'une humeur plutôt massacrante de ce genre de repas de famille interminable où on aurait envie d'être ailleurs, mais par politesse il n'ose pas refuser l'invitation. Alors l'excuse de l'article urgent à finir, celui qui assurera gloire et fortune, l'oblige à son grand regret à rentrer sur Paris. Un reste de bonté l'empêche de commettre deux abondons dans la même journée, celui de sa famille c'est fait, alors il prend en stop cette femme et son énorme sac....
    L'ensemble des protagonistes est réuni, Paris est le décor de la fin de l'histoire, la Seine n'est pas pure et l'air pollué....
    Trois personnages principaux, tous plus ou moins cabossés par la vie se croisent, pratiquement jamais pour le meilleur, mais le pire n'est jamais loin.
    Nostalgie d'un Paris disparu, d'un humanisme perdu, de clochards peut-être pas célestes mais au combien respectables!
    Plein de références artistiques, musicales, c'est la moindre des choses, les Clash et leur fameux album "London Calling", cinématographiques "Les temps modernes" de Charlie Chaplin et plus surprenante un chef d’œuvre que j'aime beaucoup "La nuit des morts vivants" de George A. Romero. Et Louis Ferdinand Céline, pour la littérature, évoqué au cours des tribulations pédestres d'Estelle dans le Paname de ma jeunesse.
    À découvrir.
    La première illustration se nomme "Aux passantes" d'Antoine Pol et Georges Brassens. Tout un poème.