La prise du diable
EAN13
9782494289321
Éditeur
LES ARGONAUTES
Date de publication
Collection
ROMAN
Langue
français
Langue d'origine
suédois
Fiches UNIMARC
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La prise du diable

Les Argonautes

Roman

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En bref : La prise du diable est le récit d’une histoire d’amour qui ne
pourrait pas tourner plus mal. C’est un roman haletant et cruel dans lequel
Lina Wolff dissèque l’attrait irrésistible des relations toxiques. Une femme
scandinave, polyglotte et éduquée, s’installe à Florence, en Italie, où elle
se lie avec un Italien sombre, laid et grossier – un machiste caricatural. Les
passants, autant que le lecteur, se demandent d’emblée ce que quelqu’un comme
elle peut faire avec quelqu’un comme lui. Elle-même ne saurait pas expliquer
ce mystère, elle sait seulement que la virilité répugnante de cet homme la
ligote, que sa chair et son âme à elle sont prises en otage. Et que bientôt,
ils sont aussi inenvisageables l’un sans l’autre que Mickey et Minnie… Alors
quand les mensonges s’accumulent et que la paranoïa s’intensifie, la
protagoniste ignore tous les signaux rouges. Même quand la violence physique
est là, elle ne prend aucunement la fuite mais continue de se nourrir de
l’illusion qu’elle est capable de maîtriser son tortionnaire. Minnie ne
cessera pas un instant de danser ce tango noir. En enfermant le lecteur dans
la perspective d’une narratrice inconséquente qui s’enfonce en toute
conscience dans le gouffre d’une relation dangereuse, Lina Wolff dépeint la
misogynie structurelle de notre société – la folie déguisée en normalité. Est-
il vraiment toujours possible de s’en sortir ? semble nous demander l’autrice.
Même si quelque chose en vous a décidé de ne pas le faire ? Scandaleusement
drôle, d’un humour noir inimitable, La prise du diable décortique de
l’intérieur la spirale de l’abus et nous entraîne par une langue envoûtante
dans le maelstrom fou d’une femme qui ne trouve pas d’issues. Le mot de
l'éditrice : Le roman de Lina Wolff est provocateur : Une femme scandinave qui
vit à Florence entame une relation avec un homme italien qui paraît de plus en
plus toxique et même dangereux. Elle a l’impression qu’elle ne mérite pas
mieux et qu’il est sans doute normal pour une femme du nord d’être dominée,
voire maltraitée, au Sud. Même lorsqu’elle tente de s’échapper, elle semble
paradoxalement s’approcher – à chaque pas – davantage du gouffre de sa
victimisation. Ce qui est étonnant : C'est drôle. J'ai été happée dès les
premières lignes de ce roman profondément irrévérencieux et hautement maîtrisé
par le sens de l’observation, la perspicacité et l’humour ciblé de cette
autrice suédoise publiée par les éditeurs les plus prestigieux du monde. Il
n’y a pas chez Lina Wolff de morale, de bons sentiments ou d’issues possibles
! Nous sommes loin d’un roman féministe classique. C’est à quatre heures du
matin que j’ai terminé ma lecture de La prise du diable, n’ayant pu me
résoudre à m’arrêter avant la fin, et ne sachant pas s’il s’agit là d’un roman
qui condamne la violence faite aux femmes ou qui se contente de l’expliquer
via un personnage de victime un peu trop compréhensive. Finalement, ce doit
être les deux. À travers l’humour et une certaine naïveté du regard de la
protagoniste, Lina Wolff nous offre une analyse exacte des mécanismes de la
misogynie en même temps qu’une sorte de catharsis libératrice. J’ai rarement,
voire jamais, lu quelque chose d’aussi drôle sur un sujet aussi sérieux et peu
amusant que la violence faite aux femmes et le féminicide. Le miracle de
l’écriture de Lina Wolff ? Réussir à donner une apparence de normalité à une
relation ahurissante tant elle est toxique, en enfermant le lecteur dans la
perspective d’une protagoniste maladroite ? naïve ? ou tout simplement guidée
par l’idée très faible de sa propre valeur, par ses propres pulsions et
désirs. L’histoire : La petite trentaine, traductrice et interprète, la
protagoniste est avant tout une naïve étrangère, selon ses propres mots, en
manque de codes et de repères, une Scandinave qui s’installe à Florence et qui
ne demande qu’à être façonnée par quelqu’un. Dans cette capitale de la
Toscane, berceau de la Renaissance aux antipodes de son pays natal, tout lui
semble étrange et accablant : l’architecture, les comportements, et jusqu’à
l’homme qu’elle y rencontre – un Italien laid et peu assuré à qui elle apprend
à devenir attirant. Désormais certain de son pouvoir viril, ce machiste outré
qui la surnomme « Minnie » et devient pour elle « Mickey », prend bientôt le
contrôle sur sa vie. C’est alors que commence véritablement l’histoire de leur
emprise réciproque. Minnie se libère temporairement de ce dangereux huis clos
pour retrouver Ben, un ancien amoureux, aux États-Unis, à La Nouvelle-Orléans.
Celui-ci ne l’attendait plus et la traite avec une étrange indifférence. Ben
et sa compagne furieuse finissent par enfermer Minnie dans une cage au milieu
des marécages du Bayou, au péril de sa vie. Elle parvient à se libérer, mais
s’enferme de nouveau après avoir prévenu Mickey, afin qu’il la sauve lui-même,
in extremis. En même temps qu’il la libère, Mickey la prévient : il va devoir
la punir. Horizon inéluctable du roman, le féminicide se prépare. Mais comme
en proie à des forces supérieures – si ce n’est à un déterminisme social plus
fort qu’elle – Minnie se révèle incapable de fuir, et continue de rêver et
d’espérer. Jusqu’à cette dernière punition qui lui sera fatale, Minnie ne
cesse pas un instant de danser ce tango noir. Ce que nous en pensons : Le
grand succès de Lina Wolff est dû au fait qu’elle ne navigue jamais dans les
eaux conventionnelles d’un roman sur le couple. Au contraire, La prise du
diable est l’histoire loufoque et terrifiante d’une folie déguisée en
normalité, qui est la base même de notre société. Les règles de vivre ensemble
entre femmes et hommes, que nous dénonçons aujourd’hui sous le nom de
patriarcat, se sont forgées pendant des siècles. Et ce n’est que dans leurs
manifestations extrêmes – le féminicide, le harcèlement sexuel, le viol ou
encore les inégalités criantes – que nous percevons combien tous ces abus sont
historiquement ancrés dans nos sociétés, et à quel point ils sont acceptés par
les femmes elles-mêmes. Dès ses premiers romans, l’autrice suédoise Lina Wolff
a été saluée comme l’antidote féminin à Michel Houellebecq. Farouchement
féministes, ses livres se rient de leurs personnages d’hommes violents et
agressifs, et dévoilent la banalité de leur fonctionnement. Pour autant,
l’écriture de Lina Wolff ne suit aucun agenda féministe contemporain. Loin de
s’encombrer d’une prise de position, elle suscite le débat et pose ses
observations avec un humour grinçant. Elle s’offre ainsi, comme Houellebecq,
la possibilité et la liberté d’être « méchante » : c’est de cette incorrection
dont se réclame La prise du diable, en allant jusqu’au bout du récit de la
destruction – mais aussi de l’autodestruction ! – d’une femme au sein d’un
couple. Le puissant attrait du livre tient au fait qu’à chaque étape nous
sommes persuadés qu’il est impossible d’aller plus loin. Et pourtant, si : la
protagoniste n’en finit pas de s’enfoncer dans une situation toujours plus
critique, passant à côté de toutes les occasions de se sauver. Ce qui est le
plus révoltant, c’est bien sa naïveté évidente, voire le plaisir qu’elle
semble éprouver dans ces gouffres ! Pendant que Minnie est convaincue qu’un
démon les habite elle et Mickey, le lecteur reste bouche bée devant ce
paradoxe : la femme voit clair depuis le début, mais sa conscience des dangers
encourus n’a que peu de conséquence sur ses actes… Est-il vraiment toujours
possible de s’en sortir ? semble nous demander l’autrice. Serait-ce finalement
la faute de la femme, trop bête pour s’en aller, si l’homme s’en prend à elle
? Cette pensée, encore trop répandue dans nos sociétés, se fait dans ce roman
la caricature d’elle-même. Provocation insensée et presque jubilatoire qui
fait réaliser au lecteur que plus qu’il n’évoque une relation malsaine isolée,
La prise du diable décortique les mécanismes d’une misogynie profondément
ancrée dans nos pensées et nos désirs – voilà le véritable « diable ». Et la
raison pour laquelle il est impossible de lâcher ce roman fascinant. Cette
histoire de chair, de passion, de violence a pour toile de fond l’intensité de
Florence, comme un pendant à la Venise de Thomas Mann, dans Mort à Ven...
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