L'analyse du roman
EAN13
9782011453112
ISBN
978-2-01-145311-2
Éditeur
Hachette Éducation
Date de publication
Collection
Crescendo
Nombre de pages
192
Dimensions
21 x 15 cm
Poids
277 g
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Indisponible
1?>LA DÉFINITION PROBLÉMATIQUE DU ROMAN?>Le roman, en ce début de XXIe siècle, paraît être le genre roi de la littérature. Récompensé par des prix variés, titulaire de records de vente, médiatisé, le romancier semble aujourd'hui plus « personnage public » qu'homme de lettres. Pourtant le genre romanesque a été longtemps tenu en suspicion et sa définition reste floue et imprécise. Il ne connaît pas de règle formelle, sa manière et son ton sont multiples : c'est un genre de la liberté.
I. HISTORIQUE DU GENRE
Le roman français se construit autour de multiples héritages antiques et médiévaux :- la veine épique classique avec Homère (L'Odyssée) ou Virgile (L'Enéide). Le roman, genre narratif, a pour ancêtre l'épopée antique ;- la veine héroïque italienne avec les épopées d'Arioste (Le Roland furieux, 1532) ou du Tasse ;- les romans dits antiques en vers. Avec le Roman de Brut du clerc anglo-normand Wace (1155) et surtout avec l'Éneos se dégage un style nouveau, composé de traductions de textes latins nourries d'ajouts descriptifs, d'insertions de commentaires explicatifs et de digressions diverses ;- les romans de chevalerie de la fin du Moyen Âge : Chrétien de Troyes est désigné comme le fondateur du roman occidental. (Le Chevalier de la charrette, Le Chevalier au lion, Le Conte du Graal) ;- le conte médiéval et ses techniques narratives (Boccace, Marguerite de Navarre) ; - Don Quichotte de Cervantès, composé entre 1605 et 1615, est généralement considéré comme le premier roman modeme : pour la première fois, le genre narratif met en scène un héros problématique en quête du sens.« Quand Dieu quittait lentement la place d'où il avait dirigé l'univers et son ordre de valeurs, séparé le bien du mal et donné un sens à chaque chose, Don Quichotte sortit de sa maison et ne fut plus en mesure de reconnaître le monde. Celui-ci, en l'absence du juge suprême, apparut subitement dans une redoutable ambiguïté ; l'unique vérité divine se décomposa en centaines de vérités relatives que les hommes se partagèrent. Ainsi, le monde des Temps modernes naquit, et le roman, son image et modèle avec lui. » Milan Kundera, L'Art du roman, Gallimard 1986 (cf. thème I ).
II. DÉFINITION DU GENRE
Le terme de roman, comme l'attestent les dictionnaires, est apparu au Moyen Âge pour désigner d'abord des récits en vers jusqu'au début du XIIIe siècle, puis en prose, écrits en langue vulgaire et non en latin, la langue réservée aux textes sacrés. Au XIVe siècle, le mot devient synonyme d'écrit composé directement en français et recouvre des récits aussi bien en vers qu'en prose.Mais le concept de narration semble avoir rapidement évolué vers l'idée de fiction. Dès le XIXe siècle, chaque dictionnaire centre sa définition, généralement floue et imprécise, autour de ce concept d'univers fictif Pour le Littré, le roman est « une histoire feinte, écrite en prose, où l'auteur cherche à exciter l'intérêt par la peinture des passions, des mœurs, ou par la singularité des aventures. » Le Larousse du XIXesiècle oppose le roman ancien « un récit vrai ou faux », au roman moderne « récit en prose d'aventures imaginaires inventées et combinées pour intéresser le lecteur». Enfin, au XXe siècle, le Robert donne la définition suivante du roman : « œuvre d'imagination en prose, assez longue qui présente et fait vivre dans un milieu des personnages donnés comme réels, nous fait connaître leur psychologie, leur destin, leurs aventures » (cf. thème 3).
III. UN GENRESANS RÈGLES FORMELLESAu roman, tout est d'abord refusé, spécialement le statut de genre tant par l'Antiquité que par l'époque classique. Pour Aristote et pour Horace, créateurs des poétiques antiques, les récits en prose n'ont pas accès à l'existence littéraire. Pour Boileau, l'auteur de l'Art poétique du XVIIe siècle, le roman est un paria tout juste bon à divertir Le roman n'étant pas considéré, il n'est longtemps ni défini ni normé. Il ne possède pas, comme le théâtre ou la poésie, de règles normatives destinées à le contraindre (cf. thème 4).L'absence de règles formelles n'est pas une faiblesse de la théorie critique mais une donnée constitutive du genre qui se développe sur cette liberté (cf. thème 2). C'est un genre colonisateur : « Rien ne l'empêche d'utiliser à ses propres fins la description, la narration, le drame, l'essai, le commentaire, le monologue, le discours ; ni d'être à son gré, tour à tour ou simultanément, fable, histoire, apologue, idylle, chronique, conte, épopée ». (M. Robert, Roman des origines et origines du roman). Dans le même esprit, Mikhail Bakhtine met en avant la capacité dialogique du roman (cf. thème 2).Cette absence de règles a longtemps nui au roman condamné au nom de l'histoire, de la morale, de la vérité.
IV. ET SOUS-GENRES
Cette liberté formelle explique sans doute, la capacité du roman à engendrer des sous-genres et à exciter les ardeurs des amateurs de typologie par ses multiples visages. Dans le Grand Larousse du XXesiècle, on distingue le roman historique, le roman pastoral, le roman didactique, le roman humoristique, le roman satirique, le roman épistolaire, le roman intime, le roman de mœurs, le roman psychologique ou d'analyse, le roman d'aventures, le roman de cape et d'épée. On distingue aujourd'hui de manière un peu plus rigoureuse des sous-classes formelles (le roman par lettres, le roman-mémoires, le récit à la première personne...) ; des sous-classes thématiques (le roman historique, le roman picaresque, le roman policier, le roman noir...). Mais on a beau multiplier les typologies, la variété n'explique pas et n'épuise pas le genre.
CONSEILS DE LECTUREMikhaïl Bakhtine, Esthétique et théorie du roman, Gallimard, collection Tel, 1978.Raymond Bourneuf et Real Ouellet, L'Univers du roman, PUF, Littératures modernes, 1995.Coulet Henri, Idées sur le roman,Textes critiques sur le roman français (XIIe-XXe siècles), Larousse, 1992.Pierre Chartier, Introduction aux grandes théories du roman, Dunod, 1998.Gérard Genette, Seuils, Seuil, collection Poétique, 1987.René Girard, Mensonge romantique et vérité romanesque, Grasset, 1961.Yves Reuter, Introduction à l'analyse du roman, Bordas, 1992.Pierre-Louis Rey, Le Roman, Hachette, collection Contours littéraires, 1992.Marthe Robert, Roman des origines et origines du roman, Gallimard, collection Tel, 1972.THÈME 1 Roman et épopée?>Il faut distinguer ce qui sépare le roman d'un autre genre narratif, l'épopée. L'épopée, récit des gestes héroïques dans lesquels se retrouvent les valeurs d'une civilisation, est un genre éteint. A-t-il été supplanté par le roman ?¦ Dissertation003 Dans ses Essais sur le roman, (1964), Michel Butor fait état d'une distinction convenue entre roman et épopée : « On oppose souvent le roman, au sens moderne du mot, c'est-à-dire tel qu'il apparaît en Occident en gros avec Cervantès, à l'épopée, en disant que celle-ci raconte les aventures d'un groupe, celui-là d'un individu. » Expliquez et commentez cette opposition.Analyse du sujetCe propos tente de situer le roman dans le genre narratif en le distinguant de l'épopée. C'est le critère de population qui semble le plus souvent adéquat pour les démarquer. Le sujet implique d'avoir quelques connaissances sur l'épopée pour être à même d'illustrer le propos.La formulation du sujet, qui est distanciée (« on oppose souvent »), semble annoncer la possibilité d'une rectification et/ou d'une réfutation de l'énoncé :- rectification : est-ce que d'autres critères ne sont pas adéquats pour distinguer les deux genres ?- réfutation : est-ce que ce propos n'est pas singulièrement réducteur pour le genre qui nous intéresse, le roman, dans la mesure où il semblerait induire que le roman ne peut pas raconter les aventures d'un groupe ?Piège à éviterIl ne faut pas mettre cette distinction au compte de Michel Butor Il fait ici état d'une opposition attendue sur le roman. Il entend d'ailleurs lui-même la réfuter¦Exemple de planI. Un discours attenduA. Roman et épopée : deux genres différentsAux origines de notre culture, l'épopée est le récit des gestes héroïques dans lesquelles se retrouvent les valeurs d'une civilisation. L'Iliade, l'Odyssée constituent, comme le cycle arthurien, ou encore les ...
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