Richard B.

des hommes en quête d'idéal et d'absolu

Trajectoire

24,00
Conseillé par
27 septembre 2013

Aucun intérêt historique

Cet ouvrage hélas me semble concentrer beaucoup de contrevérités sur le catharisme et sur les templiers. Son auteur, qui n'est visiblement pas historien, n'a pas puisé aux bonnes sources. Quelques exemples :
1) les cathares ont intégré l'ordre templier (ils ont été plus soutenus par les hospitaliers).
2) les templiers ont participé à la bataille de Bannockburn (c'est une des légendes templières en Écosse auxquelles Robert Cooper a tordu le cou).
3) Les cathares défendaient la liberté de pensée (Il n'y a pas de liberté de pensée au moyen âge, tout le monde est croyant, d'une manière ou d'une autre).
4) les cathares étudiaient la kabbale et la symbolique des nombres (Le problème de la Kabbale et de ses points communs avec le catharisme s'est surtout posé au sein même de la communauté juive dont une grande majorité de rabbins craignaient que cet amalgame n'entrainât leur coreligionnaires au bûcher. La question s'est posée mais n'a pas été résolue faute de documents probants, surtout provenant des cathares eux-mêmes).
5) les cathares pratiquaient leur religion dans des grottes (pas plus qu'ailleurs car il n'y avait pas des grottes partout).
6) les cathares étaient attachés à leur terre (la terre, matière par excellence, était pour eux œuvre du mauvais principe).
7) ils croyaient au libre arbitre (l’auteur n’a visiblement pas lu le « Livre des deux principes », écrit par un cathare au XIIIe siècle, où il est démontré que le libre arbitre est un leurre).
8) Montségur est un symbole solaire (l'auteur se prend les pieds dans le tapis car il parle de rayons du soleil qui passent par une archère le 21 juin, puis il reconnaît quelques pages plus loin que le château dont on voit les ruines aujourd'hui a été construit bien après leur séjour à Montségur) etc....


Par ailleurs, l'auteur englobe sous le terme ‘‘cathare’’ les religieux et les seigneurs du Midi qui les ont soutenus à moment donné, ce qui l'emmène à commettre l'erreur répandue qu'il existe des "châteaux cathares". Montségur n'était qu'un refuge, les "cathares" ne l'ont pas construit.
Il est regrettable que l'auteur n'ait pas jugé bon de donner quelques sources médiévales permettant de vérifier ses dires. Sa volonté des relier les cathares aux francs-maçons l'a empêché de travailler en historien. En tentant ce rapprochement, il accrédite la thèse des contrerévolutionnaires et antimaçons comme Barruel qui voulaient ainsi discréditer les francs-maçons
Ma critique est peut-être sévère, mais je pense qu'il faut alerter le lecteur sur ce qui dénature un sujet déjà assez difficile à saisir : ce livre en est la preuve. L'indigence de ce genre de livre incite les libraires à mettre les ouvrages sérieux sur les maçons, les templiers et les cathares sur la même étagère que les livres à but ésotérico-commercial.
Il existe aujourd'hui de bons et accessibles livres de niveau universitaire sur les cathares, les templiers et les francs-maçons :
Anne Brenon : Le vrai visage du catharisme, Loubatières, 1988
Jean Duvernoy : Le catharisme: tome I, La religion des cathares, tome II, L'Histoire des cathares, Privat, 1989.
René Nelli : NELLI René, Écritures cathares, Planète, 1968. La philosophie du catharisme, Payot, 1978.
Michel Roquebert : ROQUEBERT Michel, L'Épopée cathare: I.1198/1212, L'invasion, Privat, 1970. II. 1213/1216, Muret ou la dépossession, Privat, 1977. III. 1217/1229, Le lys et la croix, Privat, 1986. IV. Mourir à Montségur, Privat, 1989. V. 1244/1329, Les cathares. De la chute de Montségur aux derniers bûchers, Perrin, 1998. La religion des cathares, Perrin, 2001.
Concernant les contrevérités sur les templiers en Écosse : Robert L.D. Cooper, Rosselyn : splendeurs, mythes, réalités, éditions de La Hutte, 2011.
Alain Demurger, Les templiers. Une chevalerie chrétienne au moyen-âge, Seuil, 2005.